5 Mai 2020
Comment êtes-vous devenu(e) bibliophile?
Parmi les grands mystères de la création il y en a un qui est souvent passé sous silence dans la cosmogonie classique: comment devient-on bibliophile?
Nous nous souvenons pourtant tous du premier livre rare que nous avons acheté! Pour ma part ce fut un mémoire du 18e siècle en italien, la description d'une machine agricole... un très joli exemplaire sur grand papier bleu relié à l'époque en vélin doré. J'avais alors dix-huit ans... et j'étais né dans une famille de libraires où les livres anciens étaient omniprésents autour de moi.
Trente ans plus tard des dizaines de milliers de livres me sont passés entre les mains, modestes ou précieux, mais ma fascination reste intacte - tant pour les livres que pour l'histoire des exemplaires et celle de leurs possesseurs.
Vous aussi partagez votre histoire et contribuez à montrer au monde l'incroyable diversité de notre monde de bibliophiles!
Alors... comment êtes-vous devenu(e) bibliophile?
COMMENTAIRE DE L'ARTICLE
Enfant, dans le quartier des libraires anciens à Lyon (Ainay)
Enfant, moi aussi. J'avais commencé à rédiger une réponse plus intime jusqu'à-ce que je réalise que ferais mieux de la garder pour ma prochaine psychanalyse :-)
J'ai aussi de brefs souvenirs de jeunesse à Lyon, dans les années 90: je rendais visite aux libraires Pillard, Diogène, Hérodote, Ajasse... je ne sais pas très bien si ils sont toujours en activité aujourd'hui. "MARIVAUX" vous souvenez-vous de votre première acquisition?
Pour vous encourager, cher "LAGRANGE" laissez-moi vous dire que je ne connais pas de sentiment plus psychanalytique que celui qui me saute parfois à la figure quand je découvre à l'improviste l'inscription au crayon écrite quarante ans plus tôt par ma mère dans un ouvrage que je retrouve, au détour d'un rayonnage, dans une librairie à l'autre bout du monde...
Pour vous encourager, cher "LAGRANGE" laissez-moi vous dire que je ne connais pas de sentiment plus psychanalytique que celui qui me saute parfois à la figure quand je découvre à l'improviste l'inscription au crayon écrite quarante ans plus tôt par ma mère dans un ouvrage que je retrouve, au détour d'un rayonnage, dans une librairie à l'autre bout du monde...
Pour moi ce n'est pas du tout psychanalytique, j'ai commencé à nourrir un petit rayon de livres anciens dans ma bibliothèque, il y a 5 ans. J'aime lire depuis toujours les romans historiques mais avant je ne savais pas qu'il était possible d'acheter des livres originaux de ces époques historiques. Je l'ai découvert en visitant un salon du livre rare à Paris. Je ne suis pas vraiment une collectionneuse-bibliophile, je n'ai pas de thématique définie et je me laisse plutôt décider par des coups de coeur, une jolie reliure, un livre qui me parle d'une histoire qui me touche... (Rien de très systématique).
Les livres m'ont toujours accompagné depuis que je suis en âge de lire. Mais la "bibliophilie" est venue avec l'initiation d'un ami de mon oncle, lui-même écrivain, qui m'a montré sa bibliothèque de livres sur l'Histoire de France et surtout le Premier Empire. Il m'a pris un peu sous son aile et à commencé à m'apprendre ce qu'il ne fallait pas acheter! Mon premier "livre ancien" était un document du 18e siècle sur la Lorraine, un manuscrit sur vélin où était joint sa version imprimée à l'époque. Je l'ai acheté 50 francs dans une librairie en 1985 pendant des vacances en Bretagne (Dinan). Je le conserve encore comme une sainte relique même si mes intérêts ont plutôt évolué vers la littérature française du XVIIs.
A l'age de 15ans mon prof de lettres était un grand bibliophile et nous lisait les auteurs classiques dans leurs éditions originales.Il m'a communiqué ce virus et à 78 ans je ne suis toujours pas immunisé ! Mes parents étant profs de lettres classiques j'ai toujours vécu avec les livres et j'ai toujours lu mes livres anciens ou pas y compris ceux en latin.Mon premier livre était religieux du XVIIème.J'ètais fasciné par la date! Avec ma bibliothèque je peux rester confiné encore de longs mois!
Quelle chance vous avez eue, chère "COMTESSE DE GENLIS" d'avoir un tel prof de lettres... Si l'on en croit "LAGRANGE", de nos jours "la lecture des livres semble se perdre même à l'Université"...
Ceci dit je crois que c'est un constat qui n'est pas définitif et qu'il ne faut pas généraliser. J'en veux pour preuve qu'en tant que libraires nous travaillons avec de nombreuses institutions (notamment universitaires) qui continuent à collecter les livres, à les préserver et à les étudier!
Cette question fera prochainement l'objet d'un article sur ce blog, j'espère qu'il suscitera de nombreuses réponses et points de vue.
Ceci dit je crois que c'est un constat qui n'est pas définitif et qu'il ne faut pas généraliser. J'en veux pour preuve qu'en tant que libraires nous travaillons avec de nombreuses institutions (notamment universitaires) qui continuent à collecter les livres, à les préserver et à les étudier!
Cette question fera prochainement l'objet d'un article sur ce blog, j'espère qu'il suscitera de nombreuses réponses et points de vue.
À l'affiche avec Laurent Terzieff : La Mariane", de Tristan l'Hermite... Encore sous le charme de la musique de cette tragédie oubliée, " j'explorais nonchalamment les boîtes vertes des bouquinistes des quais... À cette époque elles contenaient encore des livres de toutes époques, c'était sans doute le chant du cygne... mais je l'ignorais ! J'y ai déniché une édition ancienne de "La Mariane", la pièce avait été reliée avec d'autres. Bien sûr je l'ai achetée ! J'ai ensuite parcouru souvent ces quais en quête d'autres trouvailles mais la source, avec la disparition de certains ou certaines de ces bouquinistes s'est peu à peu tarie... Heureusement il y avait d’autres libraires !!
Curieusement, ce volume a disparu lors d'un déménagement mais ce délicieux "virus", avec d'autres coups de coeur, est bien accroché et n'a de saison que le niveau de ma bourse!
Curieusement, ce volume a disparu lors d'un déménagement mais ce délicieux "virus", avec d'autres coups de coeur, est bien accroché et n'a de saison que le niveau de ma bourse!
Si on comprend votre question par "pour quelle raison êtes-vous resté amateur de livres anciens ?", la réponse serait : pour des phrases qui m'ont saisi et qu'on trouverait difficilement dans un texte moderne. En voici un exemple, issu du tome A-B d'un Morery de 1704 que j'ai recueilli il y a longtemps. Ma fille cherchait un jour des informations sur la bataille de Bouvines. Ça tombait bien ! Et voilà que je tombe sur le texte suivant, qui se rapporte en fait à une toute autre localité :
En 1154, elle fut prise par les François. Bouvines, dit M. de Thou, n'étant défenduë que par les habitants, fut assiegée par les troupes du Roy, & fut prise d'assaut, aprés avoir été battuë du canon. D'abord on y fit un grand carnage, une partie se noya dans la riviere, & ceux qui se sauverent, furent pris & pendus pour leur opiniâtreté, parce qu'ils avoient souffert qu'on tirât sur eux du canon, n'étant pas assez forts pour soûtenir un siege, &c.
J'ai mis un certain temps à comprendre l'argument. Que de sous-entendus ... qui devaient être clairs il y a trois cents ans, j'imagine.
En 1154, elle fut prise par les François. Bouvines, dit M. de Thou, n'étant défenduë que par les habitants, fut assiegée par les troupes du Roy, & fut prise d'assaut, aprés avoir été battuë du canon. D'abord on y fit un grand carnage, une partie se noya dans la riviere, & ceux qui se sauverent, furent pris & pendus pour leur opiniâtreté, parce qu'ils avoient souffert qu'on tirât sur eux du canon, n'étant pas assez forts pour soûtenir un siege, &c.
J'ai mis un certain temps à comprendre l'argument. Que de sous-entendus ... qui devaient être clairs il y a trois cents ans, j'imagine.